Notre projet de restructuration de la Maison de la Mer & de réaménagement de la place du Général de Gaulle de Courseulles-sur-Mer est le fruit d’une conception qui associe architecture et paysage, où la mise en place d’un continuum spatial et fonctionnel s’appuie sur une géographie particulièrement riche. Avec la ville au sud, le port et les quais au sud-ouest, le milieu dunaire à l’ouest, l’estacade et la Manche au nord, et la promenade de la plage à l’est, le projet est à la croisée des milieux et des échelles. Notre proposition donne à lire et à pratiquer cette situation exceptionnelle à travers une expérience physique et sensorielle des lieux qui intègre deux moments singuliers : un moment de mémoire autour de la stèle du Général de Gaulle, et un moment face à l’horizon, où une grande table d’orientation appliquée sur la toiture du blockhaus pose les vues sur le lointain.
 

Pour le site élargi, des transformations élémentaires et efficaces.

La place du Général de Gaulle conserve son stationnement. Le parking actuel est désimperméabilisé et révèle un substrat dunaire. Avec la réintroduction d’une végétation locale, il est la première manifestation d’une renaturation inspirée des dunes sauvages et du parc Juno Beach. Son fonctionnement est retourné pour libérer de l’usage automobile le prolongement de la place du 6 juin, en conforter la dimension piétonne, et mettre en valeur la stèle depuis toutes les perspectives. La nouvelle composition paysagère renforce un léger désaxement qui atténue la présence de la Maison de la Mer qui n’est plus le point focal principal.
 

Aux abords immédiats du bâtiment, un socle dunaire.

Pour rattacher la Maison de la Mer à son environnement, le projet recompose une évidence entre le bâtiment et le sol : une dune – un socle dunaire – qui assoit la volumétrie réhabilitée, doucement penté vers la cale et la plage, poliment débordant vers la ville. Traité comme un tertre de sable alliant végétal et minéral, le socle intègre des ouvrages d’accessibilité (emmarchements et rampes), des plateformes praticables (terrasse du restaurant et parvis notamment) et des gradins qui pérennise un usage fort en début et fin de marée : l’observation par les visiteurs des bateaux entrants et sortants du port. A noter que les aménagements extérieurs
se passent de monte-personne.
 

Une Maison de la Mer lisible dans son aspect comme dans son fonctionnement.
 

Le bâtiment existant renvoie aujourd’hui l’image d’une juxtaposition de dispositifs accumulés au fil du temps. Les principes qui guident sa restructuration ont un double objectif : gommer le caractère hétéroclite pour des lignes simples et épurées d’une part, réduire l’impact visuel du volume de l’étage et adoucir les contours de la construction d’autre part.
La première opération consiste à décomposer le bâtiment et ses substructions en un empilement de couches horizontales qui permette d’en réduire artificiellement la présence et d’en changer radicalement l’image. La stratification volumétrique s’accompagne d’une variation de matériaux.
Le second travail consiste à permettre aux vues de traverser complètement l’épaisseur construite en ouvrant davantage le rez-de-chaussée et en pensant une organisation intérieure qui s’appuie sur la forme existante courbe pour alterner des portions opaques regroupant des petits locaux de service et des portions traversantes pour une salle de restaurant, un hall commun et un accueil de l’office de tourisme avec vue sur le paysage.