Le projet d’amélioration des conditions d’accueil à la batterie de Longues S/mer est le fruit d’une conception qui associe architecture, paysage et scénographie.

D’abord, un choc. Un impact originel qui déforme le terrain. Le résultat est une large anfractuosité entre les casemates de Rommel et les aménagements pour stationner, et un relief qui révèle les principales lignes de force du site. L’ensemble dessine une sorte de maillage qui organise le flux des visiteurs. Les tranchées allemandes disparues ressortent et deviennent les ouvrages de récupération et de tamponnement des eaux pluviales.

Au sud du point d’impact, l’arrivée sur site est la première étape de l’expérience. La structure et les plantations du parking prolongent la trame bocagère locale et retardent en les camouflant la vue des casemates. D’abord des chemins agrestes conduisent les visiteurs vers l’ouest. La progression est rapidement entravée par un talus qui les renvoie vers le nord-est. Le sol se concrétise, les à-côtés s’élèvent donnant la sensation de pénétrer dans l’épaisseur du substrat.

Au bout de l’enfoncement, une plateforme projette une proue en suspension. C’est une dalle épaisse de béton sable, maintenue à distance de la terre ferme par deux rangées régulières de chandelles. Légèrement en pente, elle est comme un vestige immobilisé en pleine action et offre aux visiteurs deux abris en porte-à-faux – l’un à l’ouest, l’autre à l’est – pour se rassembler ou se protéger du mauvais temps. En partie centrale, se loge l’office de tourisme proprement dit.

L’arrivée à l’office est un moment clef. La plateforme en pente semble indiquer aux visiteurs la direction à suivre et tend l’élastique d’une dynamique qui les envoie vers l’ouest. Ils s’engagent sur un chemin creux ascendant qui finit son extraction là où commence le chapelet des casemates.

Après le poste de commandement de tir au nord et la vue plongeante sur le port artificiel d’Arromanches à l’est, c’est le parcours du retour. La plateforme qui semble fondue au sol depuis le lointain apparaît progressivement comme une barge arrimée aux talus. Les visiteurs s’embarquent pour une dernière expérience, celle de la découverte panoramique d’un paysage qui rassemble l’horizon, le littoral, le plateau agricole et l’arrière-pays. Par temps clair, on perçoit depuis ce belvédère le bocage au-delà de Bayeux côté terre, la pointe de Barfleur et la baie de Seine côté mer. On comprend mieux alors l’implantation stratégique de la batterie de Longues et l’importance de préserver ce site qui s’est construit au croisement de l’histoire et de la géographie.